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Dans la vallée des auts' mecs
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29 septembre 2016

Septembre en attendant

Vallée des Auts' Mecs, ailleurs en ce monde, septembre en attendant

 Alors je connais un mec qui est retourné à sa position historique, celle de l'observateur silencieux. Par dessus ses murailles de livres et ses barricades de souvenirs, il scrute le monde et ses habitants, mieux planqué que jamais, comme une bête toujours prête à se carapater, curieux le matin, dubitatif à midi, complètement désemparé à l'heure du thé, dévoré par l'angoisse au crépuscule et laissé pour mort sur les plages des îles nocturnes. (L'ordre n'est pas immuable, certains jours il peut manquer un épisode, parfois un épisode dure toute la journée.) A attendre qu'un détail l'interpelle. Qu'un chemin praticable s'offre dans la forêt des lieux communs. Plus il attend et moins il sait ce qu'il attend. Il en rigole, sincèrement, dans une franche accolade lucide avec lui-même. Le temps passe et déjà il se demande ce qu'il deviendrait si on lui enlevait cette attente. Ses petites habitudes mélancoliques étriquées, ses divagations héroïques qu'un public blasé balaie d'un "pfffff" fatigué. Parfois quand les jours deviennent des nuits sans étoile et que le sommeil le fuit, il n'a plus guère que sa conscience à observer. Alors, ses contours deviennent flous. A force de s'observer lui-même, il s'est mis à ressentir un sentiment d'étrangeté, d'inappartenance, sa conscience est comme une affiche qui se décolle lentement d'un mur. Il ne s'est jamais trop posé la question de l'identité même si comme tout le monde il est à la recherche du lien qui unirait les différents épisodes de sa vie. Mais il se méfie de ses propres inventions.

Bon, parlons moins.

Et créons du lien, les liens existent, levons le voile sur les réalités qui dorment sous la croûte principale. Démonstrations en images.  De retour d'une longue absence, à ta grande surprise, tu as retrouvé cet assemblage debout. Premier détail.

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Equilibre instable cimenté par le temps, pour un temps... C'est pas toi qui l'invente.

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Tu continues à faire ça de temps en temps. A chaque fois c'est la même chose. Tu jettes tes ancres dans les rades de l'instant. (Tu peux pas t'en passer hein, de ces images à la noix ? )

Là c'était en Norvège mais peu importe.

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 Dans le trou noir ainsi ouvert, les planètes muettes qui gravitent dans ta conscience sont absorbées, le lieu devient tous les lieux et le temps tous les temps. Tu as le sentiment d'émettre un message intense, de communiquer de façon absolue. La puissance du message fait oublier l'absence d'écho et quelque part tu es sûr que quelque chose de toi arrive à bon port. Oui... Presque certain. Comme si, arrêté dans le sable, tu regardais en te retournant la trace de tes petits pas et qu'en même temps tu voyais devant toi l'empreinte de ceux que tu n'as pas encore faits. Et que cette empreinte tu la voyais franchir l'horizon.

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Que laissons-nous dans les lieux que nous traversons ? Quel débris ou quel morceau de nous ? Quelle trace des autres peut-on y déceler ? Les mille et une hirondelles qui s'attroupaient cet été en Norvège m'ont peut-être à nouveau survolé chez moi en ce mois de septembre. Liens migrateurs entre là-bas et ici, ces oiseaux sont les métaphores parfaites des pensées qui peuplent ma cervelle.

Tout est un dans le secret de la conscience humaine. Regardez sur ces images comme l'écume des viandes digérées par les vautours de la VDAM ressemble aux reflux de la mer qui peine à assimiler la foule des sentiments que l'on y noie :

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Ce jour de Norvège tu contemplais la mer qui volait en éclats. Un oiseau s'apprêtait à quitter le cadre pour colporter la nouvelle.

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Donc les lieux que tu as traversé existent toujours. Même si leur vie simultanée semble se dérouler dans un autre espace temps, presque inconcevable. La VDAM elle même n'existe peut-être plus dès que tes yeux la quittent. Au fond, la carte du monde griffonnée dans ta tête est peut-être la bonne. C'est un planisphère universel un peu obscur pour tout autre que toi, il n'y a que toi pour cerner la substance de son liant.

Ainsi dans la VDAM de ma tête, au pied des montagnes, s'étalent tous les océans du monde. Ce bord de monde où s'embrochait le ciel est à deux pas, je peux y aller souvent si je veux :

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A la lisière d'un bois je fais halte auprès de ce phare incongru, petit morveux abandonné là par ses grands frères. Je le console comme je peux.

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Un autre jour mon cerveau s'était échappé de sa boîte et j'étais là à le regarder bêtement sans savoir quoi faire :

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 Un autre jour tu as essayé de calculer combien de temps il faudrait pour qu'il tombe. Les paramètres à prendre en compte étaient innombrables.

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 Mais putain tu t'essouffles vite alors tu finis toujours auprès des eaux puissantes pour le grand nettoyage.

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Quand il le peut, il saute dans les pompes qui sont à côté de lui et il se rapproche des bêtes. Il les regarde. Joue sans vergogne à anthropomorphiser, ça le défoule et ça ne dérange personne. Pourtant, plus que tout un chacun, il sait que les bêtes ne sont que ce qu'elles sont. C'est là tout leur intérêt aux bêtes. Le spectacle de cette altérité mystérieuse le laissera pantois jusqu'au bout.

C'était par exemple un privilège rare que d'être couché auprès de son sommeil de bête à celui-là :

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Puis il est retourné à ses affaires en cours :

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Genre :

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Pas encore de problème d'hormones pour ce paisible daguet qui gravitait autour de moi un soir que j'étais dans la proximité d'un grand cerf qui bramait à couvert. La bête n'est pas sortie, elle n'est pas passée sur cette crête où elle devait nécessairement prendre la pose pour satisfaire mon subit désir d'image animalière. Mais putain les résonances du brame puissant faisaient vibrer jusqu'à mes os. Ca se prend pas en photo ça.

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Le regard d'une chevrette reste un must d'élégance  :

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Et voilà. J'arrive enfin à la fin de ce billet et ça m'aura coûté. De tout évidence mon cerveau est grippé mais faut bien pondre quelque chose de temps en temps. C'est dans l'ordre des choses. Un jour peut-être que je trouverais enfin les mots.

J'envisage de me construire une cabane d'ailleurs (une vraie) et quand je franchirai la porte ce sera comme si j'entrais dans mon esprit. Alors on verra.

C'est encore une belle nuit étoilée dans la VDAM. Par la fenêtre ouverte j'entends les cerfs qui lui envoient à la gueule leurs salves hurlantes. Une chouette hulotte lointaine approfondit encore l'espace. Tout est à sa place.

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J'ai sommeil. Je ferme les yeux et la nuit me prend sous son aile. Je commence à confondre les brames et les bruits de ma respiration. La hulotte s'est branchée dans mon crâne. Une dernière étoile se glisse sous ma paupière. Là-bas, il y a des grands ciels et plein d'autres choses bonnes pour le cerveau. Alors salut.

La nuit comme une marée effacera pour un temps mes cercles vicieux infernaux.

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