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Dans la vallée des auts' mecs
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29 février 2016

Un coeur de pierre

J'ai fait cette photo ce matin entre chien et loup. Mais on ne les voit pas sur l'image. Dommage, surtout pour le loup. Mais cette photo est très parlante. Déjà, mes dernières prises étaient floues. Pourtant mon appareil fonctionne normalement, je vous l'assure. Alors de toute évidence c'est le type qui a perdu ses contours et enfilé sa camisole de fantôme.

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Après avoir relu ce blog dans son intégralité, imitant en cela quelqu'un qui l'a fait, qui me l'a dit et m'a témoigné ses impressions (quelqu'un que le goujat sans réaction que je suis n'a même pas remercié), en relisant ce blog donc, j'ai constaté qu'il formait un joli tout avec un "style" bien marqué. Se voulant naturaliste au départ, il a vite dérivé vers l'expression d'un regard poétique porté sur la nature, une quête de sens personnelle, un patchwork d'exorcismes variés. C'est vrai qu'il y a des photos pas mal mais les photos me laissent sur ma faim. Quand il s'agit de capturer une scène animale longtemps attendue, c'est même un goût amer que j'ai sur la langue. Car il s'agit bien d'une capture, d'un vol, d'une incapacité à pouvoir aimer sans vouloir posséder. Alors je ne me sens pas à la hauteur de la beauté de la VDAM et je m'en veux. Et quand il s'agit de vélléités artistiques, à vrai dire, je trouve que c'est trop facile de jouer avec les boutons de l'appareil photo. Le résultat est beau mais c'est une petite imposture, le chemin qui y a mené trop simple et direct à mon goût. Il reste les mots, les feuilles bruissantes de ma forêt d'images. Je ne suis pas dupe et je sais que je ne suis au mieux qu'un demi-poète, cependant ils restent le coeur profond de mon expression. Le problème, c'est qu'on devient vite prisonnier de sa propre expression si on n'y prend pas garde et que c'est là le pire des étouffoirs. On ne se méfie jamais assez de soi.

Et puis la ruche du net, trop d'images, trop de mots, trop de diversité humaine, la dilution, la noyade... Vous m'avez déjà vu après une journée passée en ville ? Ben là c'est pire. Car en plus de ne plus savoir "qui je suis", se pose aussi le problème de l'orgueil qui cherche sa vile pitance. Se faire liker et commenter pour avoir l'impression d'exister, j'ai atteint les sommets du dégoût. Je me suis interrogé sur le sens de tout ça, sur la nécessité de continuer ou pas, celle de renaître sous une autre forme ou pas. Que mes quelques lecteurs fidèles ne se vexent surtout pas. J'ai apprécié leur sincérité à sa juste valeur et je les remercie chaleureusement, je ne parle ici que de mes travers.

Bref j'ai vraiment eu envie de balancer un pavé dans "l'y en a marre" et la tentation de refermer la boîte de la VDAM a été très forte. Le problème c'est qu'il ne me serait resté aucune trace de tout ça et ça c'était pas possible. Alors j'ai imaginé ce blog sous la forme d'un livre que j'aurais pu rangé dans ma bibliothèque et ça m'a calmé. D'ailleurs, c'est la VDAM qui a eu le dernier mot. Cette nuit-là, je ne dormais pas. Je venais de surprendre dans la lumière du clair de lune un renard qui fouillait dans les restes que je jette aux poules par la baie vitrée et je balayais du regard le paysage agrandi par la nuit laiteuse. Et là je l'ai sentie. Cette bienveillance supérieure, froide et exigeante mais infiniment profonde qui émane de cette bonne vieille montagne. Rien de facile, il faut se dépasser pour la comprendre, pour plonger un instant dans le fleuve sans concession de son amour infini. Elle dit clairement que seuls les plus forts y parviennent.

Alors j'ai eu l'impression d'être, avec tous mes questionnements, la souris dont avait accouché cette montagne.

Et la souris a souri.

Je ne supprimerai pas ce blog, je ne me refuserai pas la possibilité de m'exprimer même si ce n'est "que" thérapeutique. Il y aura de longues absences et des changements mais finalement c'est ça la vie et cet espace aura le mérite d'en être le témoin. Faut que j'aie la sagesse de l'accepter.

Dans l'immédiat j'explore le silence et j'ai un irrépressible besoin d'échapper au rythme de la vie obligée, de me replier sur moi-même, d'être seul au milieu des paysages  de ma mythologie et des statues qui y évoluent. Un paysage de ruines parfaitement entretenues.

Je trie des pierres. Je leur parle. Je les empile. On appelle ça du stone balancing. A classer dans le domaine du Land Art. Il y a même une petite philosophie appropriée qui parle de méditation et tout ça... Il paraît même que ça commence à avoir du succès à certains endroits...

La mode moi, bon... Et en ce qui concerne la philosophie, j'arbore un discret sourire très VDAM... Je suis très très jeune dans cette pratique...

Entre "à l'impossible nul n'est tenu" et "à coeur vaillant rien d'impossible", je prends ma tangente inexplorée, mon vieux Walt Whitman sous le bras.

Je les appelle "mes vertébrales". Elles me font l'effet de personnages. Je leur donne souvent des noms, souvent des bribes de chansons ou de poème.

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Je descends profond en faisant cela, là où tout est calme, là où se dessinent des connexions puissantes avec les êtres de ma vie, là où je peux dire ce que les mots ne me permettent pas d'exprimer, là où j'établis le contact avec les morts et les disparus par delà toutes les apparences.

Quand après de très longs moments de recherche mes doigts détectent le point d'équilibre et s'écartent religieusement, c'est comme si la réalité elle-même, abasourdie, peinait à croire pendant quelques fractions de secondes immobiles à l'impossible équilibre qui vient d'être créé en son sein.

Et moi je regarde, les bras ballants, comme anéanti.

Pour finir, souvent, je souffle dessus.

Et ça suffit.

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