Retour de là-haut : volet 1
Dans son ouvrage "Géographie de l'instant", Sylvain Tesson évoque plusieurs fois la réflexion de Morand qui disait que le voyage, c'est demander à la distance ce que le temps ne peut vous apporter. En gagnant les strates supérieures de la Vallée des Auts' Mecs pour y passer deux nuits, je viens de vérifier le bien-fondé de cette maxime. Passer deux jours loin du cours assourdissant du monde, façon initiation à l'ermitage, à simplement accomplir la tâche de regarder pour tenter de voir, disposer des heures comme d'un océan où l'on est maître de prendre n'importe quelle direction, ralentir le temps et lui faire mettre un genou à terre rien qu'en arpentant les sentes secrètes de la forêt, voilà ce que je viens de vivre.
L'idée principale était de me rapprocher à nouveau du faucon pèlerin, de goûter à la saveur particulière de ce printemps neigeux dans les forêts des lisières supérieures, de voir peut-être quelques animaux mais aussi de ne plus parler pendant quelques heures et, plus prosaïquement, de simplement foutre le camp. De ces quelques heures bénies passées là-haut où mon esprit a tour à tour capté le chant subtil du monde ou errer le long des gouffres de mon wilderness intérieur, je rapporte en plus de tout ce verbiage, quelques images.
Dans ce volet 1, ce seront d'abord les mammifères avec leurs occupations de mammifères :
manger :
Surveiller et s'interroger :
se gratter :
re - manger :
de nouveau s'inquiéter :
guider, surveiller, aimer :
passer son chemin au loin :
Des choses simples donc, comme celles dont je me suis moi-même contenté : aller chercher de l'eau, faire du feu, contempler le feu, manger une nourriture substantielle, dévisager les arbres de haut en bas, inspecter le ciel et détailler les nuages, balayer des yeux les lisières dans l'attente d'une apparition, penser à oublier puis oublier de penser et après que le feu et la soupe chaude aient réchauffé mes entrailles, me lover pour dormir en protégeant la chaleur en moi.
Au prochain numéro, nos amis à plumes.