Un chemin parmi les chemins
Impossible, quand je m'imagine en fourmi exploratrice parcourant les ultimes rameaux tendus vers le ciel des puissants hêtres de la Vallée des Auts' Mecs, de savoir lequel mène à la branche maîtresse, à la grosse charpentière qui serait la seule à résister à la tempête meurtrière. De même, je ne suis, dans ce printemps foisonnant, guère plus avancé qu'un papillon errant d'une lueur à l'autre, métaphore de l'espoir déçu, du voyageur égaré sur un chemin au premier abord engageant et finalement tortueux et plein de périls cachés. Alors, sur mon chemin printanier, je pense aux mille autres chemins secrets de la VDAM, imaginant que parmi eux se trouve celui qui tout à son extrémité recèle un trésor, une vérité ou une simple émotion qui n'existe pas encore en moi-même.
Monde des animaux, Royaume des plantes, Harmonie des eaux torrentueuses, Infinité de la montagne et du ciel qu'elle capture, je tente de vous pénétrer, de devenir un de vos citoyens d'honneur l'espace d'un instant en marge du monde des hommes.
Et toujours ces silhouettes, ces fantômes que mes yeux adulent, que mon esprit peine à suivre, qui tissent dans le ciel de la VDAM, la toile de la vie libre et triomphante
le corbeau :
le milan royal :
le vautour fauve :
le faucon pèlerin que je surveille de loin jusqu'à une prochaine approche :
et puis l'autre, celui que je peine à immortaliser d'une façon que je voudrai définitive, le cincle, un compagnon qui, je crois, m'accompagnera longtemps encore
ici s'extrayant de l'eau sous le pont où il niche :
puis faisant quelques étirements avant de rejoindre ses petits qui crient famine dans le nid proche :
En lisière de la forêt proche je tombe sur ces deux-là, je les dérange alors qu'ils broutaient tranquillement. Le jeune cerf ne sait pas que sa mère au ventre bien rond va bientôt lui trouver un remplaçant et qu'il va désormais devoir faire sa vie de cerf seul :
Pour ce jeune cincle, c'est encore la période bénie où papa-maman surgissent le bec plein de bonnes larves au moindre appel :
Dans le sous-bois sombre, en bordure du ruisseau, de petites zones humides sont des univers à part entière, oasis bienvenues où je m'apaise :
Lentement, l'organisme archaïque des fougères déploie ses longues feuilles, tel un animal mythologique qui remue dans la pénombre :
Un funambule teste la tension superficielle de l'eau sauvage :
Puis l'eau courante, comme toujours, me guide vers la lumière :
Une chevrette dans son médaillon végétal s'ajoute enfin à la liste de mes visions :
La vie foisonne dans la VDAM. Je suis son admirateur secret, éperdu et perdu dans cette monstrueuse profusion de choses à voir, à sentir, à chercher et découvrir.